

"Notre proximité géographique et culturelle est centrale dans notre identité"
31/10/2025
Le portrait de Kim-Andrée Potvin, directrice générale de notre établissement, est en couverture de l'Agefi Finance de ce mois. Elle a accordé un entretien à M. Olivier Wurlod, rédacteur en chef du supplément.
Dans cet entretien, elle partage sa vision pour Bonhôte. Nous sommes une banque privée, à taille humaine, profondément ancrée dans les valeurs suisses et engagée à accompagner ses clients avec une relation unique, de proximité et responsable sur le long terme.
L'entretien

Depuis le 1er janvier 2025, Kim-Andrée Potvin a pris les rênes de la Banque Bonhôte en tant que directrice générale. Elle succède à Yves de Montmollin qui, après vingt années passées au sein de l’établissement – dont dix à la direction générale – occupe depuis avril la fonction de vice-président du Conseil d’administration. Pour la banque neuchâteloise, ce passage de témoin marque le début d’une nouvelle ère. En s’appuyant sur les fondamentaux solides d’une maison fondée il y a plus de deux siècles, la nouvelle CEO entend rester fidèle aux valeurs régionales de Bonhôte tout en inscrivant son action dans une finance plus durable. Dans un secteur en pleine mutation, sans rompre avec l’héritage de la banque, Kim-Andrée Potvin ambitionne d’accélérer son développement et d’en accroître le rayonnement.
Propos recueillis par Olivier Wurlod
Commençons par une question personnelle. Comment une canadienne se retrouve-t-elle à la tête d’une banque privée neuchâteloise?
Rêvant dès l’adolescence d’une carrière internationale, j’ai toujours su que je ne resterais pas dans mon pays natal. En 1999, j’ai donc envoyé quelques CV en France et j’ai eu la chance d’être assez rapidement embauchée par Andersen Consulting. Paris est devenue ma ville de cœur, et c’est là que j’ai fait mes premiers pas professionnels avant de rejoindre BNP Paribas comme auditrice interne. A 25 ans, je me suis retrouvée à auditer plus de vingt filiales à l’étranger, ce qui m’a donné une formation accélérée sur tous les métiers de la banque.
Ma carrière s’est ensuite poursuivie au Luxembourg, où j’ai dirigé l’audit interne du Benelux. Puis, après le rachat de Fortis, j’ai pris en charge des équipes de plusieurs centaines de personnes dans les services opérationnels. J’arrive en Suisse en 2014, le jour même où BNP Paribas annonçait son amende historique de neuf milliards de dollars aux Etats-Unis. Cette période intense m’a beaucoup appris, mais elle a aussi coïncidé avec une prise de conscience personnelle: ma passion pour les voyages et surtout pour l’observation des animaux dans leur environnement naturel m’a donné envie d’utiliser la finance pour avoir un impact positif sur les écosystèmes que j'ai vus se détériorer au fil des ans.
J’ai alors commencé à explorer l’impact investing, d’abord en parallèle de mon poste, puis en m’y consacrant pleinement après avoir quitté BNP Paribas, au bout de dix-sept ans. Après de courts passages dans des structures plus petites, comme Landolt ou Bambou Capital Partners, j’ai été approchée par la banque Bonhôte: une banque à taille humaine, dont le fort focus sur la durabilité correspond à mes valeurs et à mon parcours.
Comment décririez-vous la banque Bonhôte?
Je la décrirais comme une banque profondément ancrée dans sa région: son siège est à Neuchâtel et elle dispose de plusieurs succursales hors du canton. Cette proximité géographique et culturelle est centrale dans son identité.
L’esprit entrepreneurial de Jean Berthoud, qui a repris la banque en 1992 alors qu’elle comptait seulement sept collaborateurs, a aussi façonné cette culture: en quelques décennies, elle est passée à plus d’une centaine de collaborateurs répartis sur sept sites.
Face aux deux pôles d’attraction de Suisse que sont Genève et Zurich, comment arrivez-vous à vous distinguer?
Justement par notre dimension régionale, qui va bien au-delà de la simple implantation. Nous revendiquons une forte proximité culturelle et identitaire avec nos clients. Un client de Bienne pourra parler à un conseiller partageant ses valeurs, ce qui crée une relation de confiance fondée sur des repères communs. Cette approche explique pourquoi la majorité de notre clientèle est domestique.
Cependant, Bonhôte ne se limite pas à ce seul ancrage local. Grâce notamment à un service dédié aux gérants indépendants, nous accueillons aussi une clientèle internationale issue de plus de 50 pays. Bonhôte est une banque qui se distingue par son équilibre entre proximité locale et rayonnement international.
En tant que nouvelle CEO de la banque, quelles sont vos ambitions pour Bonhôte?
L’important sera déjà que le cœur de la banque reste à Neuchâtel. C’est notre siège historique, là où se trouvent nos racines. Pour venir en complément à nos six autres antennes, nous sommes très attentifs aux opportunités de croissance, qu’elles soient organiques ou, éventuellement, par acquisitions ciblées. Nous voulons rester une banque de niches, concentrée sur ce que nous savons faire: nos fonds spécialisés — comme Bonhôte Immobilier, qui gère déjà plus d’un milliard et fêtera bientôt ses vingt ans; notre proximité avec les entrepreneurs; et, bien entendu, cette question de durabilité qui est de plus en plus au cœur de notre identité.
Concrètement, nous voulons renforcer et développer nos antennes existantes plutôt que de trop nous disperser. Nos racines régionales restent essentielles: un client de Genève, Zurich ou Soleure doit pouvoir rencontrer un gestionnaire issu de sa région, qui partage sa culture et son quotidien, tout en bénéficiant de toutes les expertises de la banque, qu’elles soient à Neuchâtel ou ailleurs.
Pour terminer, ma vision pour la Banque s’inscrit dans la continuité de l’esprit entrepreneurial insufflé par Jean Berthoud, président du Conseil d’administration, avec qui je travaille en étroite collaboration. L’objectif n’est pas de rompre avec ce qui a été construit, mais bien de l’accélérer et de le faire rayonner davantage.
Dans un secteur bancaire en constante mutation, marqué notamment par une explosion des coûts ces dernières années, faut-il s’attendre à un mouvement de concentration des banques de taille similaire à celle de Bonhôte?
Il y a peu je parcourais la dernière édition d’une étude de KPMG sur le secteur bancaire. Baptisé Clarity, ce document est particulièrement intéressant au vu de ses conclusions. Ses auteurs y expliquent qu’il existe deux modèles de banques pouvant être vraiment performants en Suisse dans les années à venir: d’un côté, les grandes banques avec une présence internationale et une offre de produits très large; de l’autre, les banques suisses à taille humaine, avec une clientèle majoritairement domestique et un positionnement de niche.
Cette étude prouve qu’il n’est donc pas nécessaire d’être une banque universelle pour croître et être performant. «Small is beautiful»: notre taille nous permet d’être plus rapides tant dans les décisions que leur mise en œuvre, plus indépendants, et de contenir nos coûts en restant concentrés sur nos forces. Évidemment, les pressions existent — réglementaires, technologiques, informatiques —, mais tant qu’on maîtrise notre périmètre et qu’on reste sur nos niches, je suis convaincue de la pérennité de notre modèle d’affaires.
Depuis quelques années, Neuchâtel est réapparue sur la carte financière suisse grâce aux crypto-actifs. Cet essor a-t-il été un atout pour aider Bonhôte à attirer une nouvelle clientèle?
Non, nous n’avons pas vraiment ressenti d’«effet crypto» à la Banque Bonhôte, même si Neuchâtel s’est effectivement vite positionné sur ce sujet. Notre clientèle, couvrant pourtant toutes les générations, n’est pas particulièrement demandeuse en crypto-monnaies. Elles représentent donc une niche supplémentaire à ce stade.
Leur volatilité et surtout le manque de régulation nous poussent par ailleurs à la prudence. Ainsi, quand un client souhaite s’y exposer, nous recommandons de le faire via des véhicules cotés en bourse plutôt qu’en détention directe. L’avantage d’être basé à Neuchâtel est de pouvoir avoir des contacts réguliers avec les entrepreneurs du secteur, ce qui nous permet de mieux comprendre les évolutions et d’être aux premières loges pour de futurs partenariats, le jour où le cadre réglementaire sera mieux défini.
Leur adoption prendra du temps, exactement comme cela fut le cas pour les fintechs. On pensait que celles-ci allaient révolutionner le secteur bancaire en très peu de temps; au final, cette digitalisation a laissé une empreinte durable sur l’industrie, mais de manière très progressive. En réalité, c’est souvent le cas avec les innovations: l’élan est fort au départ, puis l’adoption se fait plus lentement que prévu.
Un scénario qui rappelle celui survenu autour de ce que l’on appelle aujourd’hui la finance durable…
Vous avez raison. Comme souvent avec les nouveautés, il y a eu très rapidement une sorte de «hype», un effet de mode autour de cette thématique. Beaucoup d’acteurs s’y sont engouffrés pour se donner un vernis vert sans réelle conviction, et cela a fini par ternir l’image de tout le secteur. On a vu la même chose avec les crédits carbone: de nombreux projets mal ficelés ont fini par éroder la confiance. Résultat: la réputation de la finance durable est aujourd’hui entachée, malgré la présence d’acteurs sérieux et engagés.
Depuis quelques mois, je pense qu’on assiste à un véritable nettoyage. Les opportunistes sortent peu à peu du marché, et ceux qui continuent sont ceux qui y croient vraiment. C’est une étape nécessaire: moins de bruit, plus de crédibilité. Il reste toutefois un défi de taille à relever: faire comprendre le concept de finance durable au grand public. Beaucoup se demandent pourquoi la finance aurait une légitimité à agir pour le bien commun, alors qu’elle est perçue avant tout comme motivée par le profit. Je crois qu’il faut mieux expliquer ce que c’est réellement, et pourquoi l’alliance entre rendement et impact positif est non seulement possible, mais indispensable.
De quelle manière Bonhôte peut-elle défendre le concept et les valeurs de cette finance durable?
Afin d’être plus fort ensemble, nous avons rejoint en 2025 le Swiss Impact and Prosperity Initiative (SIPI). Cette initiative réunit des acteurs privés comme Nespresso ou Audemars Piguet, des institutions académiques comme l’EPFL et l’ETH, ainsi que la Confédération via Innosuisse. Dans l’esprit «Go Beyond GDP», il s’agit de mesurer la prospérité autrement que par le PIB, mais aussi par des objectifs concrets tels que la santé, le système alimentaire ou la production responsable.
Pour transformer ces ambitions en résultats tangibles, SIPI s’appuie sur des coalitions sectorielles, comme la Transformative Finance Coalition, dont nous sommes membres fondateurs. Pour répondre à ces défis et montrer notre engagement, Bonhôte est certifiée B Corp depuis cinq ans. Nous développons depuis longtemps des fonds responsables et nous nous apprêtons à publier une stratégie ESG encore plus ambitieuse, étant donné que nous visons à réduire de 50% notre empreinte carbone d’ici 2030. Pour nous, c’est une évidence: le futur de la finance sera forcément durable.
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Qui sommes-nous?
Fondée à Neuchâtel en 1815, la Banque Bonhôte & Cie SA est une banque privée suisse, forte d'une longue tradition de compétence dans la gestion de fortune et financière, sa vocation exclusive. Sa dimension humaine constitue un gage d’efficacité, de souplesse et de réactivité face aux évolutions volatiles des marchés.

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